Éditorial du dimanche 28 juillet – Un robot dans le rêve

Plusieurs images me viennent au cours de cette nouvelle lecture des chapitres 27 et 28 du Cours.
Ce sont toujours les mêmes explications qui reviennent en boucle : la nécessité de voir l’innocence de notre frère si nous voulons rendre notre innocence consciente. Il n’y a pas d’autre chemin, pas d’autre choix.
Mais la vie a de ces défis ! Sans cesse, elle nous met au contact d’autres personnes, que nous voyons, avec les yeux de notre corps, comme des formes séparées, avec des esprits très différents de notre esprit, des défauts sur lesquels nous refusons de passer, des qualités que nous leur envions.
Dans une même soirée, nous pouvons côtoyer des personnes tristes et aigries et d’autres très joyeuses, belles, heureuses. Que devons-nous en conclure ? Si nous acceptons le principe que nous projetons à l’extérieur de nous ce qui n’est pas guéri à l’intérieur, qu’en est-il de la joie ?

En posant cette question, une réponse me vient instantanément. Ce qui a besoin d’être guéri, ou pardonné, c’est mon refus de « voir » cette joie en moi.
Cette joie est qui je suis, elle est en dehors du rêve et l’autre, ce miroir, en est le reflet.

Parlons du rêve, justement. Un jour, une folle idée est entrée dans mon esprit : et si j’allais voir un peu ailleurs ? De cette étrange idée, dont il faut rappeler que « Le fils de Dieu a oublié de rire », est né ce monde de toutes les illusions, le monde de la séparation.
Ce rêve, j’avais beaucoup de mal à en saisir la signification. Difficile d’appeler rêve un monde dans lequel les choses semblent vraiment se produire, des choses sur lesquelles nous ne semblons avoir aucune maîtrise. Je peux perdre mon travail, mon enfant peut tomber gravement malade, la foudre peut tomber sur ma maison ou sur mon bétail, ou sur moi … (si, si, cela arrive ! plusieurs cas dans le journal ces jours-ci). Bref, toutes sortes de situations sont là pour me démontrer ma faiblesse face aux aléas de la vie.

Mais voilà, j’oublie quelque chose de primordial. Et là, je vais utiliser l’une des images qui m’est venue. Je me trouve dans la peau d’un romancier qui a écrit tout un scénario, avec des tas de personnages. Il y en a de bons et de méchants, et il leur arrive toutes sortes d’aventures, agréables ou tragiques. Je me suis tellement impliquée dans l’écriture de ce scénario que cette histoire, complètement inventée, s’est incrustée dans mon esprit au point de devenir la réalité pour moi. Et voilà mes personnages dotés d’une vie propre. Ils m’échappent totalement, vivent leur vie, et oh ! – Quelle injustice ! – se retournent contre moi. Mon histoire est devenue mon rêve dans lequel je me débats jour après jour. J’ai oublié que cette histoire n’est pas vraie, qu’elle est sortie tout droit de mon imagination et que, à tout moment, je peux en écrire une autre, et une autre encore et que tout ceci n’est qu’un jeu !

Déjà une petite fenêtre s’ouvre parce qu’une compréhension est venue. Je peux « voir » en imagination ce que j’ai fait. Le monde que je vois perd un peu de sa lourdeur quand j’accepte ma responsabilité dans son apparition. J’ai fait cela.

Mais tout ne s’éclaire pas pour autant. L’ego est toujours là, et il veut continuer à attester de la réalité de ce monde. Alors, m’est venue ce matin une deuxième image : j’ai vu l’ego comme un énorme robot, vous savez, ces personnages que l’on voit dans les films de science-fiction. Si vous avez vu le film Avatar, vous pouvez imaginer ces « marines » qui font la guerre dans ces super-robots. Ils sont extrêmement puissants, mais pas très agiles. Et devinez qui gagne à la fin ?

Je me suis vue dans ce rêve, tel ce personnage robotisé, lourd, les deux pieds sur terre, avançant en balayant tout sur mon passage, maladroitement mais sûrement, protégée par cette énorme carcasse de fer et d’armes. Et sur mon épaule, il y avait un petit oiseau qui sifflotait tout doucement. Il était léger comme l’air, libre de ses mouvements, et ma foi, il semblait plutôt heureux de son sort.

Et dans ma tête, une voix disait : « L’ego a toujours tort, toujours, toujours, toujours… ».

Odile